Ceci est un hommage à mes hédonistes américains qui, à travers de nombreuses et joyeuses rencontres, ont contribué à la naissance de la Biztronomie. Cela fait maintenant près de 30 ans que je fréquente des Américains, la plupart du temps dans un cadre professionnel, et ces rencontres ont très souvent donné lieu à des conversations aussi délicieuses que la nourriture.
Le concept d'hédoniste américain peut sembler paradoxal, surtout si l'on pense à la malbouffe et encore plus si l'on se place du point de vue français avec son excellence culinaire, même si, ne l'oublions pas, la France est le premier marché de McDonald's en Europe.
D'ailleurs, en passant, la disparité culinaire pourrait devenir la prochaine grande fracture aux États-Unis.
Pourtant, chez mes amis, collègues et clients américains, j'ai découvert un réel enthousiasme que la retenue gauloise peine parfois à exprimer. De plus, les hédonistes américains - du moins ceux que je connais - ne ménagent ni leurs efforts ni leurs ressources pour découvrir et s'enquérir de la gastronomie française et de toutes ses composantes, qu'il s'agisse de la " table " comme on dit, des coutumes, des convives, de la cuisine ou de la conversation. D'ailleurs, à bien y réfléchir, lorsque je partage un bon repas avec ces joyeux lurons qui dispensent leur curiosité avec bonne humeur et sans pudeur, j'ai l'impression de retrouver l'enthousiasme de Brillat-Savarin. Peut-être est-ce le séjour de Brillat-Savarin dans la jeune fédération entre 1794 & 1796 qui donne à la Physiologie du Goût son ton jovial et insouciant!
En tout cas, parmi la légion des gastronomes internationaux, ils seront parmi les premiers à réserver leur place à la bénédiction de l'esprit gourmand, toujours à l'affût d'un nouveau sacrement gastronomique. Avec la magie d'un repas en plusieurs actes, ils se laissent même pénétrer par ce qui est essentiel à la gastronomie : la conversation.
Car s'ils sont très "foody", avec leurs notes sur 100, leur abondance d'émissions culinaires et même de films comme "The Menu", Burnt ou The Chef, ce qui s'exprime avec moins de verve qu'en France, c'est justement le pendant du matériel, à savoir l'esprit de la table. En bons pragmatiques, la pratique du plaisir comme celle du partage se déploient avec moins d'ardeur dans leur pays.
Pourtant, de même que la France doit sans cesse mettre entre parenthèses une partie de sa passion artisanale pour se standardiser, s'agrandir et rester compétitive, un nombre croissant d'Américains font l'effort dans l'autre sens de laisser la brutalité du pragmatisme à la consigne, pour se consacrer avec conviction à cet art qui, quoi qu'on en dise, combine le meilleur des deux mondes, celui du labeur anglo-saxon et celui de la recherche du plaisir à la française.
Si l'art de la gastronomie a ses racines dans certains pays, la France en particulier, il a vocation à être partagé par tous, car c'est avant tout la curiosité, l'effort et l'ouverture qui caractérisent le cercle de la gastronomie comme une conviction universelle. C'est la transformation raisonnée et raisonnable de la matière et de l'esprit qui nous unit. La gastronomie doit être accessible à tous, car elle pourrait bien nous sauver, en nous apprenant à découvrir ce que nous appelons "le goût de l'autre".
En conclusion, après la Révolution française, les bourgeois français du début du XIXe siècle ont hérité de l'aristocratie le lourd fardeau de démocratiser la bonne chère et les bonnes manières. Ils l'ont fait avec une naïveté, un enthousiasme et une créativité incroyables. Aujourd'hui, affalés sur leur trône, les Français pourraient perdre cette fraîcheur et soyez-en sûrs, je sais qui pourrait reprendre le flambeau.
Traduit par DeepL - Ajustements linguistique en cours
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Provence, 1970 de Luke Barr. Une perspective rafraichissante sur l'image des Américains.
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